Dimanche 6 février 2000, Nantes

Dormi avec Florence, réveillés tard, par sa fille. Confuse envie de rentrer chez moi pour être seul (le doute me taraude ; je ne sais pas dans quelle mesure je suis en train ou non de mentirà Florence sur ce que je ressens pour elle) ; parti seul au marché de Talensac pendant qu’elle restait au lit, un peu fiévreuse, a-t-elle dit. Déjeuner tous les trois, puis elle et moi avons fait discrètement l’amour dans sa chambre, au lieu de regarder Cris et chuchotements de Bergman au magnétoscope. La petite a l’air de bien m’aimer ; mais je ne sais quelle position avoir vis-à-vis d’elle, par manque d’habitude. D’autant que rien ne dit que sa mère et moi serons longtemps ensemble. Rentré chez moi sous la pluie ; pour travailler, mais je n’ai fait que glandouiller : graver des disques, écouter la radio, faire quelques caisses supplémentaires en vue du déménagement.

Sorti peu après neuf heures prendre un verre avec Ermold à la Maison-café ; discuté de nos projets, et de la liaison entre l’art et la politique (d’après l’exemple de Theodorescu qu’il me donne, un surréaliste roumain de l’immédiate après-guerre qui fut ensuite conseiller d’Helena Ceaucescu). Avec nous, les grandes idées finissent toujours par sombrer corps et âme. Puis au concert de Pedro à l’Algodon (concert beaucoup plus techno que jazz), où étaient aussi Père, BT et Fred Bernard — mais je leur ai peu parlé. Dormi avec Florence, chez elle à nouveau, mort de fatigue.