Dimanche 9 avril 2000, Nantes

Levé trop tôt, pour aller voir La Comédie de Dieu au Katorza, ce qui fait que j’aurai ensuite passé la moitié de la journée dans un brouillard cotonneux. Très bon film cela dit, que je ne regrette pas d’avoir vu. Hiératique et décalé, drôle, et qui plonge dans les tréfonds de l’âme humaine ; parfois très ennuyeux aussi, mais ce n’est pas incompatible avec le fait que ce soit un chef d’œuvre (il dure deux heures quarante-cinq…) — c’est le manque d’action et le caractère contemplatif des images qui font qu’on en vient par moments à décrocher ; mais il y a toujours une pirouette de João de Deus pour ramener au film. Certaines scènes sont très violentes, comme ce très long plan fixe rapproché sur une tête d’agneau dépecé (terminé par une des pirouettes dont je parlais, monument d’humour noir) — et c’est notamment en ça que Monteiro plonge profond dans l’homme. Partant d’une culture européenne séculaire, il nous renvoie à notre condition.

Une fois rentré, fumé (Joãn de Deus fume sans cesse), préparé une excellente recette improvisée de pâtes aux crevettes et aux brocolis. Long coup de fil de Florence, qui a une nouvelle fois mal à la tête et préfère en conséquence que je ne passe pas la voir — pour lui porter un cake au rhum et à la cardamome que j’ai fait hier soir avant de sortir.