Dimanche 23 avril 2000, Nantes

Déjeuner avec les parents, Joris et Madeleine au Pont. Intéressante discussion avec Maman sur les histoires de famille — quelle mémoire on doit en avoir. Elle souhaite que soient brûlées à sa mort toutes les lettres que Papa et elle se sont envoyées avant leur mariage (et elle lui a donné des instructions en ce sens si elle doit mourir avant lui). Que soient détruites les traces de leur parcours : c’est privé, et ne concerne qu’eux deux. Elle l’a d’ailleurs fait avec la correspondance de Grand-Père et Grand-Mère, ce que nous ignorions. Joris, Madeleine et moi n’étions pas d’accord avec cette façon de voir, qui efface ce qui reste d’intime d’une personne, à un moment où on ne peut plus parler de voyeurisme de la part des autres, tant le temps s’est écoulé depuis l’écriture des lettres – et dans ce cas, pourquoi pas les photos, etc. ? Papa, lui, ne se prononçait pas. Mais je peux comprendre également. C’est à rebours de tout narcissisme. Et l’inverse de ma propre pratique.