Journée foutue pour le travail, ça a été vite clair (je me suis réveillé vers sept heures et demie encore bourré, il ne m’a pas fallu longtemps pour en prendre conscience, puis me rendormir). Levé à onze heures, bu du café fort et brûlant ; mais je n’en ai pas pour autant réussi à faire autre chose que dévorer Glamorama au lit ; ça se transforme en roman à suspense — certains trucs ne me convainquent pas[1], mais c’est tout de même très fort, très fin. Apparemment (puisque je n’ai pas terminé) une belle construction, bien pensée. Ce Brett Easton Ellis n’est pas n’importe qui, on a raison de le dire. Masturbé, fumé une cigarette au lit (chose qui n’arrive jamais), et rendez-vous avec Ermold pour aller acheter un magnétoscope stéréo pour l’expo. Complètement dans le pâté, environné d’un brouillard cotonneux. Je me suis efforcé de ne pas fumer. Discours stéréotypé des vendeurs, jeunes gars en cravate et chemise d’uniforme (aux couleurs du magasin) issus d’un quelconque BTS « force de vente » ; chaussures de mauvais goût contrastant avec le reste, pourtant pas particulièrement distingué (des mocassins à l’empeigne tressée, usés et mal cirés). Incapables de sortir de leur argumentaire pour correspondre à notre demande. Froid en ville, je n’avais mis qu’une chemise ouverte sur un T-shirt blanc un peu court. Gueule de déterré. Passé à la FNAC acheter des disques, même si je sais que je n’ai plus d’argent (je ne sais pas trop ce que j’ai pu en faire). Pris Out to lunch! d’Eric Dolphy, un concert d’Erroll Garner (mais sans le morceau qui est Florence, malheureusement), et le concert au festival de Newport de Coltrane et Archie Shepp en 65[2] — une version criarde de « My Favorite Thing ». Rien que du jazz, ça doit être la première fois. Encore un peu de mailing, que je vais sans doute payer de ma poche, vu l’état des comptes de VidéOzone. Avalé en vitesse un riz au lait parfum vanille Mont Blanc pour reprendre un peu de forces, puis filé au vernissage de Mélanie (de Le Marteau et l’Enclume). En chemin, croisé Radulphe, que j’ai détourné de son projet d’aller voir Turquie-Portugal chez un copain. Exposition dans l’appartement, très réussie : des ambiances déstabilisantes et poétiques. Créer des ambiances étonnantes, voilà ce qu’il faut faire. Les conceptuels purs et durs diront que c’est sacrifier au spectaculaire, mais ils sont chiants. L’art (ça n’exclut pas tout le reste), ça doit transporter ailleurs. Des conversations intéressantes, mais j’étais trop fatigué pour aller ensuite au-delà d’un verre au Flesselles. Je ne veux pas finir trop abîmé. Rentré avant onze heures.
[1] L’assassinat.
[2] Pas ensemble, contrairement à ce que j’avais cru d’abord.