Jeudi 20 juillet 2000, Méliniac

Tous les soirs vers huit heures, un couple de pigeons vient se poser sur la branche dénudée d’un grand pin dans l’encadrement du velux en face de moi. C’est leur branche. Il se bécotent mutuellement le cou serrés l’un contre l’autre, et parfois un fin duvet blanc s’en va flotter dans l’air. Plus tôt dans l’après-midi, aujourd’hui, deux oiseaux de proie tachetés sont venus se percher sur les deux pointes effilées d’un arbre mort dans la haie de l’autre côté du chemin. Je ne suis pas encore allé sur la plage (je ne parle même pas de baigner ; je pense d’ores et déjà que je ne le ferai pas — il ne fait de toute façon pas si beau). Et mis à part hier, où j’ai discuté une heure avec mon cousin américain et sa femme assis sur la pelouse devant la grande maison, je n’ai vu personne — la boulangère ce matin, et les vacanciers qui empruntent le chemin pour aller à la plage ou en revenir. Ça ne me manque pas ; je suis au contraire plutôt heureux de me retrouver. Que ce soit hors de la compagnie de mes semblables est un peu embêtant ; mais c’est aussi qu’ils avaient fini par ne plus l’être tant que ça, que la faute m’en revienne ou à eux. Les attitudes de bravaches me fatiguent. La ville ne me manque pas non plus ; il faudra revenir plus souvent l’an prochain. La lumière est belle, l’air est calme.

Travaillé.

J’ai dans la tête « Une Vie moins ordinaire » des Innocents (je l’ai entendue à la radio). J’essaie maladroitement d’en reproduire les délicates harmonies vocales, parfait exemple de pop classique, soutenue par la voix gorgée d’énergie rentrée du chanteur. Ou bien je chantonne des chansons de Grandaddy.