Je n’ai strictement rien foutu de la journée, et je n’ai vu, ni parlé à personne. Il m’a été impossible de me concentrer sur quoi que ce soit. J’ai tourné en rond, passé beaucoup de temps au lit ; je suis souvent resté de longues minutes à contempler les tranches des livres sur les rayonnages de la bibliothèque ; je n’ai pas écouté de musique. Je crois que c’est à cause du médicament ; d’ailleurs, j’ai continué à en ressentir tous les effets « indésirables », comme ils disent : picotements désagréables dans les veines, aucun appétit, vagues nausées, perte de toute puissance sexuelle (j’ai bien essayé de me branler, comme je m’ennuyais, mais impossible d’aller au bout ; ça n’arrivait pas à m’intéresser). Si ça continue encore plus d’un jour, je vais devoir arrêter, vu que ça produit encore une fois l’effet inverse de celui escompté. Mon retard est trop catastrophique. Mais j’ai encore une croyance magique en la médecine qui me fait espérer que ça va marcher — plus de la superstition qu’autre chose.
Hier soir, sorti avec mes vieux amis jusqu’à quatre heures, sans croiser aucun de mes compagnons de sortie habituels, même à l’Atomixeur. Berry était très bien, Cédric et Greg pareils à eux-mêmes, Fred se sentait pousser des ailes, et Xavier était particulièrement déchaîné — une escapade hors de sa vie de parent, comme il dit ; mais il en devient finalement un peu bourrin, et on ne sait plus trop où est la frontière entre le second degré revendiqué et le premier. Comme il est du genre à beaucoup intérioriser, on peut penser que la vie qu’il mène lui pèse un peu. Entre Fred et lui, ça faisait deux exemples qui ne donnent pas envie d’avoir des enfants — ou du moins pas de rompre avec les plaisirs de la vie « libre ».