Mardi 1er août 2000, Nantes

Sorti boire un verre à la terrasse du Change en début de soirée avec Radulphe et Wolbodo, le frère d’Adalard. J’étais en forme, mais ma voix avait du mal à tenir sa gravité. Discuté du voyage qui se prépare ; de voyages en général. Les deux pratiquent, ils parlent du Népal, de New Delhi ou de Bangkok comme moi de Rennes ou Angoulême[1], connaissent à peu près toutes les capitales d’Europe. Olivier revient d’ailleurs de la côte croate et de Sarajevo (un spectacle impressionnant d’après lui) ; Radulphe, lui, hésite à partir à Tôkyô la semaine prochaine, il a trouvé un billet à pas cher — mais craint de s’ennuyer à mort, puisqu’il irait seul (pour moi une horreur ; tant que ça ne me viendrait pas à l’idée). Rentré vers neuf heures après deux bières, et travaillé jusqu’à une heure et demie. Si je pouvais toujours avancer à ce rythme, mes affaires iraient mieux.

Puis de l’insomnie à nouveau, tourné des heures dans mon lit, réveillé en nage à plusieurs reprises dans la nuit. Pensé à Florence ; eu des accès de jalousie. Pour ça, et d’une manière générale, je crains d’avoir insisté un peu lourdement pour venir la voir à Paris. C’est elle qui m’a proposé, mais n’est-ce pas comme elle le propose à tout le monde ? Peut-être ne dit-elle pas non simplement pour ne pas avoir à se déjuger ? Mais après tout, si elle l’a fait, il faut que j’aie le courage de sortir de mes habitudes. Le risque est aussi que je m’ennuie, que nous n’ayons rien à nous dire, ou qu’il y ait de la tension et que cela refroidisse nos relations ; il faut le prendre.

[1] J’exagère : j’aurais pu dire Lisbonne ou Montréal.