Écrit deux pages hier, mais fort tard et en buvant beaucoup. Je creuse la fosse qui de tous temps, sans doute, m’était destinée. Il semble difficile que je sache arrêter ; et plus tard, s’il faut travailler en état de grande tension, il me faudra boire à nouveau, c’est probable. La moindre phrase, souvent, je dois me l’arracher de force ; quand tout me semble, en esprit, souvent si clair et emboîté fermement.
De la journée, je n’ai quitté l’appartement. J’espérais voir Yoda, mais Ermold, avec qui il avait rendez-vous, ne m’a pas rappelé. J’ai laissé un message en ce sens sur son portable, mais je n’allais pas non plus être implorant. J’ai fini par téléphoner à Florence — à reculons. Mardi matin, elle avait appelé pour s’excuser d’avoir été si indifférente à mon égard la veille. Nous avons parlé du concert de Loïc à Paris mardi, puis de la séance chez elle pour enregistrer la chanson qu’il veut lui faire chanter en duo — une chanson qu’elle m’a dit ne pas beaucoup aimer ; si Loïc ne décolle pas, ne serait-ce pas parce qu’il a moins de talent que « Philippe » ou « Dominique » lorsqu’ils ont commencé ? se demande-t-elle. Elle a dit sa surprise de constater les difficultés de l’autre fille à chanter juste, à retenir la mélodie de Loïc. Au mariage où nous sommes allés en septembre, je l’ai pourtant surprise à chanter très faux ; mais elle a affirmé n’avoir presque toujours eu besoin que d’une prise. Elle n’a par ailleurs qu’un tout petit filet de voix.
Essayé de savoir avec qui elle était au concert ; elle a parlé d’Ivan : j’ai été heureux de l’entendre dire qu’elle le trouvait un peu « gris ». Enfin si ce n’est pas lui, c’est un autre. Il faudrait n’être qu’ami avec elle. Son attitude ne changerait en rien ; mais je prêterais moins le flanc à des petites souffrances de tous ordres, ainsi qu’aux ricanements d’Ermold le Noir qui me voit écrasé sous son joug.