Lundi 6 novembre, désert d’une urbanité sans répondant

Pas eu même le courage de raser ma barbe de cinq jours hier soir. Dancer in the dark avec Clément et Hélène au Katorza. Film très conceptuel :

– dans lequel je ne suis pas entré un instant

– dont je ne comprends pas la pertinence.

Le film le moins réussi de Lars von Trier. Björk fait plutôt croire à son rôle — mais ça ne peut suffire[1].

 

Clément et Hélène trouvent Nantes provinciale. Les gens s’habillent plouc ou bourgeois, tout y est cher, rien n’est ouvert le dimanche, il y a trop peu de restaurants à servir jusqu’à minuit ou plus. Petit choc de la différence culturelle, mine de rien.

Mais on s’habitue vite au plus ; Florence aussi (ça n’étonnera personne) descend maintenant en province lorsqu’elle vient. Même si au-delà de sa fascination secrète pour ce qui est un peu brillant, elle évoque surtout la petitesse de la ville, et le fait que ce n’est plus chez elle.

Nouveau coup de fil d’Ermold peu avant deux heures du matin. Complètement saoul, de retour du vernissage au musée. Très content de lui ; il a « dragué » une nouvelle fille avec le Jolycœur, et a appris que nous serions sans doute une des seules associations subventionnées par la mairie (alors que la maquette du dossier traîne encore dans mes papiers, et le bilan financier dans les siens), et que xxx et même Apo 33 n’auront pas un rond. Tout ça, dit-il, parce que c’est lui qui traîne dans les vernissages, picole avec les sommités et leur serre la pince… J’ai beau savoir que le monde n’est pas juste, ça me révolte plus qu’autre chose (et encore, s’il ne raconte pas n’importe quoi). Tout n’est donc que jeu de relations, sans plus d’honnêteté que ça derrière ?

Je n’aurai jamais la force de me prêter à ce jeu : mieux vaut m’en extraire.

[1] Je maintiens le conceptuel. Il me semble que c’est évident. Mais aujourd’hui, on est tant habitué à avoir une conception réifiée de cette catégorie que Clément a eu la plus grande peine à saisir ce que je voulais dire. Le qualificatif n’est peut-être pas le meilleur ; mais « caprice d’artiste » est trop réducteur.