Invité au débotté chez Clément et Hélène pour dîner. Ce qui me permet de jeter un œil sur l’aménagement de leur grand appartement. Mangé des galettes. J’ai beaucoup bu, comme toujours — bien plus qu’eux. Je ne sais pas sortir d’une soirée autrement que moitié bourré au moins. J’apprends d’Hélène qu’elle était à la fac avec le guitariste de Godspeed you black emperor!, ce groupe montréalais dont j’ai acheté le dernier album l’autre jour parce que les Inrocks le vantent à corps et à cris (Hélène a fait ses études à l’université anglophone). Elle en a parlé comme d’un type plutôt bizarre, un peu imbu de lui-même et de ce qu’il faisait. Le disque est pas mal, mais ne casse pas non plus des briques ; il parvient à développer des ambiances intéressantes, pas non plus transcendantes – ce n’est en rien révolutionnaire. Comme je l’écrivais après l’avoir acheté, il me semble très référencé, et ne pas pousser assez loin ses expérimentations (il ne parvient, notamment, pas à s’extraire du binaire, produisant parfois des rythmes de marche de très mauvais aloi, quand il aurait été profitable d’aller voir du côté du jazz, d’Elvin Jones ou de Tony Williams par exemple). On ne sort pas assez du sérail. Mais je les découvre en retard, c’est un groupe actif depuis un moment déjà, et qui ne parvient qu’aujourd’hui entre les mains de la presse branchouille grand public — j’ai un morceau d’eux depuis pas mal de temps déjà, sur une compil que m’avait passé Mathix, mais je n’y avais pas vraiment prêté attention. Il me semble que la « musique populaire à prétention intellectuelles » pourrait aller nettement plus loin ; sortir des ambiances méditatives et de la resucée[1].
Passé chez Joris ensuite, qui m’a remonté les bretelles encore une fois parce qu’il pense que je lose. Pas travaillé.
[1] Ce à quoi, par exemple, n’échappe pas l’album d’Amon Tobin, quoiqu’il soit bon (mais peut-être surtout parce qu’il ne consiste qu’en un gigantesque collage qui passerait presque pour une création totale — démarche très éloignée de celle de Bosco, par exemple, qui ne cache jamais vraiment ses emprunts, et ne cherche pas à dissimuler les sutures).