Mardi 8 février 2000, Nantes

Journée à Saint-Nazaire, peu engageante. Ramené Matt, que j’ai trouvé à m’attendre en sortant de mes cours ; je lui ai parlé de Florence : le sujet qui me préoccupe. En rentrant, trouvé le résultat de mon test : négatif. Le contraire m’aurait étonné, et je n’étais pas taraudé par l’angoisse (je ne considère pas vraiment avoir pris des risques en n’utilisant pas de préservatifs avec Sonia, contrairement à ce dont les emballements outrés de Florence voulaient me persuader) ; mais le hasard aurait pu jouer en ma défaveur. Je me serais effondré en le découvrant, mais aujourd’hui, je pensais surtout qu’il faudrait vivre quand même ; avec. Sur mon répondeur, deux longs messages de Florence, laissés la nuit dernière, plein d’angoisse, puis un de Joris : je le rappelle, et il m’apprend qu’il a passé plus d’une heure avec José Bénazéraf ce matin ; notre projet de montrer ses films lui a beaucoup plu, et comme il est son propre distributeur, il va faire en sorte qu’on puisse avoir les copies gratuitement. Selon Ermold, que j’ai appelé ensuite, il faudrait même le faire venir ; je suis réticent à ce genre de rapports humains.

Chez Florence. Fait l’amour pour la première fois sans préservatif ; je m’étais habitué (vite) à en mettre, mais il n’y a pas à dire, c’est mieux sans. Sauf que ça implique qu’elle aille ensuite se laver — et elle semblait surprise d’être si remplie de liquide après que j’ai eu joui. Vraiment, parfois, elle m’étonne. Sorti faire un rapide dîner vietnamien, puis commencé à regarder le hiératique Cris et chuchotements de Bergman au magnétoscope (caractérisé notamment par ses fondus au rouge) ; on s’est presque endormis devant. Au lit, longue conversation tournant vinaigre, à propos de la réalité ou non de la résurrection de Jésus… Comme quoi le ridicule niche parfois là où on ne l’attend pas. Je l’ai fait souffrir, et m’en suis ensuite détesté ; le pire a été lorsqu’elle a frénétiquement voulu que je la prenne ensuite ; des bouffées d’angoisse oppressantes m’ont envahi quand j’ai compris que je serais incapable de la moindre érection. Réconciliation difficile, et entachée pour moi par la honte de ma position. Si je ressens quelque chose pour elle, je ne la désire pas vraiment. Si on songe qu’on n’est même pas ensemble depuis trois semaines. Je me demande comment ça pourrait tenir.