Vendredi 11 février 2000, Nantes

Parti en retard pour mon rendez-vous chez le docteur Moreau ; je lui fais part de la merde où je suis. Comme il fallait s’y attendre (et comme je l’espérais), les problèmes viennent d’abord de moi — les mêmes se reproduiraient probablement avec toute autre fille[1]. Il faut construire patiemment, accepter l’abandon de sa coquille.

14h30, état des lieux de mon appartement : il me plaît moins que lorsque je l’ai pris (il y a en particulier une ignoble peinture sur la porte de la chambre, qu’il me faudra effacer au plus vite). Rejoint Florence au 13&3, où elle est avec son amie Melpomène ; passé chez elle faire l’amour, puis je l’emmène visiter les lieux : cela lui plaît, contre mon attente. Travaillé très peu une fois chez moi.

Rendez-vous avec Ermold, dans un café proche de la Park Galerie (discuté avec Jolicœur de projets d’association anti-CRDC). Début d’une longue soirée : Flesselles, avec Radulphe, Adalard et leur bande, Broerec et Céleste (seule fille au milieu d’une floppée de bonobos) ; un verre à l’Atomixeur ; je me laisse ensuite entraîner aux réceptions faisant suite au colloque de « sociologie » sur l’amour (!…), auquel participe Mathieux aux salons Mauduit : sans envie, mais cela se révèle finalement rigolo : Sorin se démène pour nous faire entrer par une porte dérobée (pour qu’on ne paie pas), mais c’est la toute fin ; presque plus personne, de la viande saoule partout. La manifestation a été un échec, et un gouffre financier ; il faut dire déjà que ça ne pouvait, d’un point de vue scientifique, qu’être ridicule — et le savoir show biz me donne de l’urticaire. C’est bien fait. Tout ça doit disparaître. Plein d’allant, je vole un livre en partant : des années que ça ne m’était pas arrivé (je commençais à être bien bourré). Jusqu’à deux heures dans le café au-dessus duquel habitait Chepe l’an dernier, et semi-altercation avec le Chino de mierda qui le tient, et s’avère aussi con que Chepe le disait. Terminé avec Sorin, Ermold et Broerec à l’Algodon, mais beaucoup trop soûl : je finis par m’éclipser sans mot dire, pour rentrer en titubant comme un clochard jusqu’à mon lit. Bien longtemps que je n’y ai pas dormi : mais, ce n’est pas pour en profiter comme je devrais.

[1] Et quelle est l’influence pernicieuse (autant que lucide) de mon double maléfique dans cette affaire ? En tout cas, je suis plein d’une sorte de cynisme que je n’avais pas avant — parce que, simplement, je m’aveuglais sur ma capacité à vivre dans le romantisme ? (c’est le contraire, je vis dans un romantisme qui confine au narcissisme au point de me couper toute possibilité de vivre sans trop d’encombres dans le monde réel — et c’est la même chose pour ma thèse, pour mes ambitions « artistiques »).