Jeudi 17 février 2000, Nantes

Après être parti de chez Florence à nouveau beaucoup trop tard, journée à préparer mon déménagement. Impression (quoique je m’efforce de lutter) qu’il me sera impossible de mener à bien toutes les tâches que je me suis fixées et que je dois boucler. Si au moins cette abondance de biens me donnait une plus grande énergie !

Terminé de taper mes quelques pages sur le concept d’apprentissage, que j’ai tirées : ça ne m’a pas l’air si mal (par endroits j’ai tendance à produire des raisonnements tautologiques, considérant qu’est avéré ce qui serait à démontrer — mais ce point-là ne constitue pas non plus l’essentiel de mon travail ; ce n’est qu’un à-côté). Puis chez Florence, à nouveau travaillé au corps par l’angoisse de ne pas bander par manque de désir. Plusieurs fois, j’ai été sur le point de renfiler mon manteau et de prendre mes jambes à mon cou. Mais je ne l’ai pas fait, par peur, encore une fois, que ce soit d’abord un refus de l’obstacle, autant que par ma veulerie naturelle. On en est arrivé à l’idée qu’on allait essayer de rester ensemble alors que nous n’étions pas fait l’un pour l’autre. Enfin surtout elle : moi, je ne disais rien, par peur de parvenir à des conclusions plus extrêmes. Elle a un masochisme qui lui fait sans cesse chercher le point de rupture pour s’assurer que ça va bien encore, et que ça ne va pas casser ; j’ai moi aussi un peu cette tendance, mais j’ai besoin de stabilité et de sérénité avant tout, sinon je me renferme dans ma coquille. Mais « il ne manquerait plus que ça, qu’on soit aimé comme on voudrait être aimé ! », lance le personnage de Vincent Lindon dans Le Septième ciel — film qu’on a cette fois regardé tous les deux en entier ; et je ne modifie pas mon jugement, ça m’a énormément parlé : tant par la mise en scène épurée (qui, donc, met en valeur le jeu des acteurs) que par le montage, elliptique, qui donne le sentiment du cinéma, ou la thématique, très psychanalytique (qui possède de nombreuses résonances dans les obscurités du récit lui-même).