Mercredi 22 mars 2000, Nantes

Journée à travailler plus ou moins, un peu déprimé, tard levé. L’air était doux pourtant, aujourd’hui, il a fait très beau. En début d’après-midi, Florence est passée comme elle me l’avait dit hier soir, l’air fatigué. Assez vite, elle m’annonce qu’elle préfère que nous ne soyons plus ensemble – comme c’était dit délicatement, pour que la séparation vienne d’un commun accord. Nous ne pouvons nous convenir ; il y a trop de choses qui ne vont pas, elle s’est mise à ne plus voir que ça (en gros ce qu’elle m’avait déjà dit samedi matin), elle s’est mise à moins m’aimer, et ce n’est donc plus possible. J’ai réussi à faire bien meilleure figure. Peut-être a-t-elle raison, et que je penserai la même chose qu’elle dans les semaines à venir ; pour le moment, c’est un sale coup. Un échec, deux mois seulement… A pleurer, vues les déclarations du début, l’enfant, etc. Mais comme elle le dit, ça n’en enlève pas les bons moments qu’on a eu – comme ils relèvent maintenant du passé et que le passé, elle évite de se pencher dessus, ça amoindrit la portée du propos. Enfin tant qu’elle ne retrouve pas quelqu’un, ça ira : comme d’habitude, c’est la perspective de la voir avec un nouveau mec alors que moi je serai célibataire qui m’effraie ; je sais qu’à ce moment-là, je souffrirai comme un con. Tant qu’elle est seule, il reste encore quelque chose de notre relation, ne serait-ce que par son manque, qui nous unit encore – et on peut se faire toutes les protestations d’amitié du monde en y croyant un peu (ou beaucoup). Je l’accompagne à son rendez-vous chez le médecin rue du Maréchal Joffre, sous le soleil, et lorsqu’elle entre sous le porche, elle me donne un dernier baiser. J’aurais pu écrire que nous l’avons échangé, mais à cet instant comme en tant d’autres, je me suis laissé faire, j’aurais bien été en peine de prendre aucune initiative. C’est bien le problème. J’attends qu’on me donne la becquée, ou qu’on ne me la donne pas (et dans ce cas, je me plains) ; je suis incapable de prendre les choses en main. C’est bien pour ça qu’on ne peut absolument pas dire que nous nous sommes séparés : elle m’a quitté. Ça veut dire aussi que je serai toujours quitté. Bon, j’essaie de prendre les choses avec détachement… Rentré, je me suis encore masturbé : les mauvaises habitudes vont vite revenir. Quelques heures au vernissage de Fabien, le copain de Marko : peinture décorative ; pas laide cependant (d’après Marko, sous son impulsion, il s’orienterait maintenant vers des travaux plus intéressants). Veillé à ne pas trop boire, longuement discuté avec Jenny, puis Mathieu, à qui j’apprends ma séparation (enfin je le présente ainsi). En cours de soirée, Mathix est revenu sur le cas Loïc. Il promet que Philippe et lui se mettront en grève s’il continue à chanter aussi faux en concert. Puis, comme je le lui avais promis, passé chez Florence, que j’ai tirée de son sommeil : mais elle m’a tout de même ouvert. Resté dormir, sur sa proposition. Nous n’avons rien fait ; je craignais de toute façon pouvoir rien faire de bien, si c’était venu. Mais quel plaisir, tout de même, de me coucher auprès d’elle, de sentir les délicats parfums de son lit… une chose à laquelle je m’étais bien vite habitué ; et de devoir éteindre maintenant seul dans ma chambre à la lumière glauque, voilà une perspective peu réjouissante.