Samedi 1er avril 2000, Nantes

Levé midi encore. Terminé le roman en fumant des clopes ; c’est assez terrifiant, sans issue, mais comme chacun voit midi à sa porte, j’y ai beaucoup vu l’incroyable (et très peu réaliste, mais ça n’a rien d’un roman réaliste) puissance sexuelle du protagoniste — si je l’avais, la vie ne serait pas plus mauvaise. Pris une douche en écoutant un disque de Art Blakey avec les Jazz Messengers — un son d’une chaleur sourde phénoménale. Emmené Ermold à la gare dans sa voiture, puis, comme je n’ai trouvé à la garer qu’à côté de chez Joris (et dans un endroit payant encore : c’est la Mi-Carême nocturne ce soir, et toutes les places sont condamnées dans le centre), passé chez lui. Lu un vieux roman policier au lit, j’avais froid, jusqu’à ce que Florence sonne. Elle est restée vingt minutes, pour me proposer un concert demain soir. Elle avait apporté un gâteau. Hier, elle portait un jean élimé, des tennis et un vieil anorak serré[1] ; je la trouvais plus à ma portée qu’aujourd’hui en jupe et talons hauts ; elle se mouvait de façon très différente, moins guindée, et j’adorais voir son gros cul se balader moulé dans le vieux tissu bleu marine, j’adorais la voir remonter la ceinture pour cacher son ventre un peu gras. Peu travaillé, et sorti vers dix heures et demie, retrouver Bérengère, Cédric Maindron et de leurs copains à la Maison du change où on a dîné (ce qui n’était pas dans mes intentions de départ). Terminé à l’Atomixeur, où j’ai longuement bavardé avec Bérengère ; nous ne nous étions vus depuis presque trois mois. Il y a des chances qu’elle se remette avec Greg — elle estime avoir fait le tour d’elle-même depuis un an et demi, un tour nécessaire qui maintenant la pousse à revenir vers lui. Je suis content ; content de ça, et aussi tout bêtement de l’avoir vue (je lui ai parlé de Florence — avec un soupçon de fatuité, maintenant que j’y repense, preuve que Florence n’avait pas tout à fait tort à mon sujet…).

[1] Un truc des années 70 : très à la mode depuis quatre ou cinq ans chez la branchitude pop ; moi, j’ai toujours trouvé ça trop laid pour en porter, mais c’est vrai que sur elle ou sur Jérôme, c’est assez classe.