Hier, je ne me suis levé qu’à midi. La soirée de la veille m’a empêché de faire mieux – et encore je n’étais pas content du tout au réveil, vous imaginez. De me faire avoir de cette pauvre manière. J’aimerais que tout soit fini, ne plus jamais penser à elle. Dans le même temps j’ai envie de la voir toujours. Même sans baise. Je baiserais à tire-larigot par ailleurs, même avec des filles que je n’aime pas, je saurais faire ça, ça irait — il y aurait, dissociés, le sexe et l’amour. Mais j’ai trop peu de confiance pour être capable de dissocier le sexe et l’amour, et je veux que nous nous écrivions de longues lettres lorsqu’elle sera à Paris (sachant pertinemment que ce ne sera pas le cas, et que je serai donc deux fois ridicule).
Travaillé, mais pas avant dix-sept heures. Puis le soir chez Joris avec D., et Mathieux, arrivé par là-dessus. Intéressantes conversations de cinéma, sur des films récents que ni Joris ni moi n’avons vu. Et j’ai été aux anges lorsque Mathieux m’a interrogé sur « où ça en est avec Florence » ; j’ai pu m’épancher longuement, ce que je fais avec une science certaine — tout en essayant de ne pas passer pour un loser, elle me l’a reproché[1]. Une fois au Pont, réussi à m’endormir à seulement trois heures, je n’ai donc même pas dormi quatre heures dans la nuit.
Ce soir avec Joris à la MCLA voir En Attendant Godot mis en scène par Luc Bondy ; c’était chiant, on est parti à l’entracte. De toute façon, je commençais à m’endormir. Lorsque les lumières se sont rallumées, on a d’abord cru que la pièce était finie (je ne me rappelais plus tout). Globalement, le jeu des comédiens ne m’a pas beaucoup intéressé. Et la séquence où apparaissent le maître et son valet, qui me semble pas évidente à rendre bien, ne m’a pas du tout convaincue ; elle jouait de trop de genre, et le maître était d’une vulgarité qui ne m’a pas paru convenir. En tout cas j’en avais marre. C’est con de partir avant la fin (ça ne m’arrive jamais au cinéma[2]), mais j’en avais marre, je n’aurais pas tenu. Il me semble que c’était beaucoup moins bon que la version avec (notamment) Jean-François Balmer et Roman Polanski que j’ai vue à la télé il y a longtemps chez Grand-Père et Grand-Mère à Méliniac. Qui plus est – encore une influence de Florence – j’hésite moins à regarder les « chefs d’œuvre » d’un œil critique. Et En Attendant Godot me semble une pièce qui manque de radicalité dans la manière dont elle est écrite — du moins pour moi aujourd’hui ; l’histoire, je m’en fous.
Passé chez Ermold, c’est sur le chemin, « j’ai pas longtemps à vous accorder, je suis débordé » ; resté deux heures au final, où les catastrophes n’ont cessé de pleuvoir sur VidéOzone.
Rentré, un message de Maman sur le répondeur, dont j’ai reconnu l’importance au ton de sa voix. Pour me dire que ce qu’elle souhaite, c’est tout de même que je sois heureux avec une jeune fille, malgré ce qu’elle a pu dire tout à l’heure : je lui ai un peu parlé de Florence au retour de Saint-Nazaire fatigué (encore une fois… — mais à elle, c’était la première), et elle m’a accusé de me complaire, autant que mes copains, dans un mode de vie délétère et snob, et de courir à l’échec de manière quasi-pathologique. Elle n’avait pas tout à fait tort. Après m’avoir souhaité un bon anniversaire, c’était tout de même un peu raide.
[1] C’est aussi lié à sa propre folie à elle (dans son esprit, elle a commencé par me placer trop haut, pour finir par me faire dégringoler — tout de même — trop bas ; même s’il est évident que, par ailleurs, quand on vient quémander auprès de quelqu’un, on ne peut être bien brillant).
[2] Où je n’ai pas mis les pieds depuis un moment.