Fin d’une semaine intense, qui ne m’aura guère laissé de temps pour m’appesantir sur moi-même, ni prendre le temps d’écrire : pas un mal. Le retour à la réalité quotidienne est difficile. Je comprends où sont mes goûts : pas dans ce travail de thèse qu’il faut pourtant bien que je termine. En ployant sous le fardeau, remettant le moment de le reprendre. Il faut accepter de souffrir encore un temps, même long. Je dois accepter le travail. Ensuite on verra.
Toute la semaine à régler les détails de la soirée « scopic/haptic » de vendredi soir, en particulier à préparer la performance vidéo, souvent jusqu’à des heures tardives, puis enchaîné contre le raisonnable avec une fête à Paris chez Marie-Charlotte. Mais ça a été globalement un bon weekend, un peu trash — inhabituel en tout cas, pour moi qui ne quitte Nantes que rarement[1]. Nous n’y avons passé que peu de temps, mais j’ai aimé à nouveau Paris. Y vivre ne m’effraierait plus, même m’attire — il faudra bien partir de Nantes. À Montmartre, dans le quartier où Florence va vivre (elle aurait trouvé un appartement à côté de la rue Lepic — mais pour moi, ces noms de rue sont surtout des noms de littérature). Je suis le parfait provincial. Nous ne nous sommes parlés qu’au téléphone, je ne verrai donc plus son appartement rue de la Juiverie, elle le quitte mercredi. J’en suis un peu triste. Elle aussi l’est, de le quitter peut-être, et d’emménager dans un espace minuscule : un T2 de 25 m2 (mais dont le loyer monte déjà à 3500 F). Elle semble avoir bien changé déjà, de s’être engagée dans une voie qu’elle n’aurait pas imaginée il y a quelques semaines encore. Un midi, elle a rencontré Julien Baer à la terrasse d’un café, et l’a abordé, sous prétexte d’amis en commun ; à un concert que donnait Houellebecq, où elle était invitée par son ex, un célèbre DJ anglais l’a trouvée très belle : voilà peut-être son avenir. Elle trouvera bien tôt ou tard une figure de ce milieu avec qui ça marchera. Je suis un peu jaloux, mais c’est ainsi. Je suis trop attiré par les paillettes et les lumières ; comme un enfantillage.
Par ailleurs, la soirée de vendredi a été un succès ; probablement quatre cents personnes y sont passées un moment ou un autre, et on aurait gardé le monde plus longtemps si on avait eu encore de l’alcool à proposer dans notre bar clandestin. Un bon pas sur le chemin de la reconnaissance ; mais je n’ai quasiment vu aucun film — vingt minutes de La Région centrale de Michael Snow pour le principal (et ça valait le coup).
[1] La fête n’était pas extraordinaire, et j’étais trop fatigué pour y briller. Le plus drôle a été d’inventer toute une histoire avec Radulphe à propos de ce que nous avions fait tous les deux après avoir été mis à la porte de l’appartement avec les clefs d’un autre où aller dormir, mais qui était en fait (notre méconnaissance de la géographie parisienne est grande) à l’autre bout de la ville. On a élaboré tout un mensonge, comme quoi Adalard nous avait emmené à une autre fête dans Pigalle, où était Françoiz Breut, et où nous avons fini par squatter pour dormir. Ça a eu l’air de prendre, je me demande comment. En réalité, nous sommes simplement allés chez Adalard, au bord du canal de l’Ourq, où on a bu un café avant de dormir quelques heures.