Une heure et demie au téléphone avec Ermold (qui n’était pas loin de se réveiller à ce moment-là, il me l’a dit ensuite), long debriefing de sa soirée de la veille, où je n’étais pas[1] ; puis passage rapide de Florence, prenant pour me quitter sa petite moue boudeuse, sorte de sourire de pauvre petite fille à protéger qui doit faire craquer n’importe qui — et moi, sans en être dupe. Elle est vraiment plus étrange qu’aucune fille que j’ai connue. À la fois un roc et un petit poisson insaisissable. Elle revient à Nantes le weekend où nous faisons venir Sam ; et à nouveau, elle m’a fait promettre de venir la voir à Paris cet été.
Travaillé, plutôt mal, puis au cinéma avec Ermold voir Plan 9 from Outer Space d’Ed Wood, habituellement considéré comme le plus mauvais film de l’histoire du cinéma. Malgré le côté très journalistique de la formule, on ne peut s’empêcher de penser que le titre est mérité : tout y est extraordinairement mauvais, du scénario à la partie technique en passant par les acteurs. Difficile de faire pire. Et quand je dis que c’est mauvais, ce n’est pas parce que ça n’a aucun intérêt (quoique ce soit absolument le cas), mais parce que c’est du n’importe quoi, pas digne du film d’amateur le plus raté. Ça révèle tellement en creux ce qu’est le cinéma que ça en devient plein de poésie. Mais c’est aussi mortellement ennuyeux, même si au début ça fait rire (d’ailleurs, Marc Ausone et Broerec se sont endormis, et les autres, nous n’étions pas loin). Du coup, je n’ai pas eu le courage de rester pour Stalker de Tarkovski, qui fait tout de même 2h40 (et Tarkovski, c’est lent — si j’en crois Andreï Roublev : il faut être en condition). De toute façon, je suis à peu près aussi claqué qu’hier. Comme je n’ai plus une cigarette, je me suis servi un verre de whisky ; mauvaise habitude : mais j’ai besoin de substances.
[1] Mais j’y aurais été que le debriefing aurait été aussi conséquent.