Concert organisé par Apo 33 aux Nocturnes du musée des beaux-arts (enfin à 18h30, « nocturne » c’est un poil exagéré) : Kasper Tœplitz et Carol Robinson, respectivement au PowerBook et aux clarinettes et effets (surtout des delays) ; musique méditative, introspective, qui s’accordait à merveille avec les structures réalisées par Lars Spuybroek pour Vision-Machine (on pouvait se coucher par terre). Une autre façon de concevoir le concert : une chose à laquelle on est appelé à penser de plus en plus à mon avis. La structure classique du public devant une scène frontale ne convient plus dans de trop nombreux cas. Et là, l’architecture du patio spatialisait le son de façon assez intéressante. Juste à l’entrée de l’expo, une œuvre des Vasulka diffusée en multi-moniteurs, travail abstrait en noir et blanc sur la forme et le rythme[1] : l’amusant est qu’une bonne partie du public, vu la façon dont il était focalisé dessus, devait penser que c’était un mix vidéo en direct fait sur la musique (et c’est un fait qu’à certains moments on pouvait le croire — mais les expériences montrent également que n’importe quelle musique peut aller avec n’importe quelle image — ou presque). Quelque chose d’étonnant, quand, jouant sur des fréquences très proches en simultané, la musique donnait l’impression de sortir directement des oreilles ; très déstabilisant sur la durée. Blancheur. Beau soleil. Mais toujours envahi de pensées sexuelles obsédantes.
[1] On en a montré à scopic/haptic, et pour ça, j’ai regardé pas mal de leurs travaux pour repérer nos choix sur les bandes. C’est le plus souvent fabuleux, très intelligent d’un point de vue conceptuel, inventif, drôle parfois ; et au début des années 70, alors que la vidéo balbutiait, ils ont inventé l’essentiel de ce qu’on entend et voit (la plupart du temps en moins bien) dans les raves — les bandes sont constituées aussi d’une musique qu’ils composent.