Lundi 5 juin 2000, Nantes

« Pour moi, l’amour sexuel n’est pas simplement l’explosion joyeuse de l’orgasme, c’est retenir un homme dans mon ventre. Un homme ne peut jamais connaître la solitude que connaît une femme — une femme dont la matrice est vide. »

C’est Florence que je lis derrière Anaïs Nin ; sauf que pour elle, il y avait dans l’amour trop d’intensité angoissée pour que l’orgasme soit même joyeux. Je n’avais jamais entendu cela avant de la connaître. C’est sans doute pour partie ce qui faisait le charme complexe de la connaître, une intense fragilité mêlée à sa dureté, et à son inconsciente rouerie. Mais à mon tour, cela me faisait mourir d’angoisse :

« Hier soir, j’ai rêvé qu’on forçait des criminels à bander, juste avant de les exécuter, et qu’ils luttaient frénétiquement pour y parvenir, mais sans succès »…

Mis le réveil à sonner à sept heures et demie, cette nuit alors que je m’agitais dans mon lit sans trouver le sommeil. Et je me suis bien réveillé à l’heure dite. Mais me suis ensuite recouché, incapable de quitter ce doux refuge contre le monde, même si cette incapacité même me faisait souffrir. Je me sens très en-dedans de moi-même. Pour que je me lève pour de bon, à dix heures et demie passées, il a fallu que le téléphone sonne. Mais on venait de raccrocher lorsque j’ai pris le combiné. Cela me cause chaque fois une désagréable angoisse.

Fred est passé dans l’après-midi, toujours timide, peu expansif, plein de désirs de musique qu’il ne réussit pas à satisfaire — insatisfait en tout. Dans ces cas-là, j’ai tendance à jouer au psychologue, sans être le mieux placé pour ça. Il faudrait savoir être plus drôle aussi.