Encore dormi comme une souche. La canicule continue ; mais s’il ne lui est dû, ce sommeil intempestif n’est pas normal. Pour un peu, j’aurais raté la réunion à la MCLA à dix heures — ou plutôt non, mais je me suis rendu passage Pommeraye avec à chaque pas la quasi-certitude que j’allais m’évanouir. Et ensuite, pour ne rien arranger, pendant la réunion, j’ai trempé un paquet complet de mouchoirs en papier à cause d’une crise d’allergie. Réunion à laquelle je me suis tenu coi. Les gens doivent se demander ce que je peux bien foutre dans VidéOzone (c’est un peu ce que je lis, en tout cas, dans les yeux de Fredo, de Kinexperience — pourtant quelqu’un qui m’est sympathique) ; et c’est vrai que sur les deux projets à venir, je n’ai rien fait, ce programme, puis l’expo de Marion Lachaise qui commence le lendemain. Je ne sais même pas comment ça se passe — et ça me cause de vagues angoisses, parce que j’ai tout de même l’impression que ça ne se passe pas au mieux. Mais trop de choses à faire, trop d’impréparation, de trucs faits à la va-vite au dernier moment : et pas assez de communication, entre nous déjà, mais entre nous et Bohémond (la Park Galerie est co-productrice) encore moins.
Réunion ensuite chez Béatrice Masson (une des plus belles maisons de Nantes, qui domine la Loire depuis la butte Sainte-Anne — elle en occupe une partie), à laquelle Ermold et moi avons emmené nos deux acolytes Fred et Radulphe, croisés à une terrasse en train d’attendre le serrurier. J’ai été peu attentif à la conversation majeure, qui se déroulait à l’autre bout de la table : autour du projet d’un festival un peu béton — mais Ermold et moi en avions déjà pas mal discuté. On devrait avoir des appuis parmi la troupe (mais il faut des sous en quantité). Impression d’être à côté de la plaque, tant à écouter Sébastien Cesari parler des « nouvelles musiques » que je ne connais que très peu, qu’à faire semblant de discuter de technique avec d’autres. Il faut un début à tout ; mais c’est clair que je ne me sens pas non plus totalement impliqué par tout ça, qui me semble trop nébuleux encore — et que je n’ai pas l’énergie actuellement de travailler à rendre vraiment moins nébuleux. Avant ça, visité un bâtiment qui serait l’idéal pour s’installer si c’était possible : juste derrière le blockhaus, une immense friche industrielle sur plusieurs étages. Mais il faudrait trouver un million pour la remettre en état. Voilà en tout cas quelque chose de très motivant.
Plusieurs petites conversations téléphoniques avec Florence dans l’après-midi. Elle refusait que je lui parle de mon quotidien lorsqu’on était ensemble parce que ça tuait le mystère, mais elle m’inonde maintenant de ses minuscules problèmes pratiques à Paris. Je l’écoute sans déplaisir, la vie des gens est aussi faite de ça (peut-être surtout de ça, on ne peut parler tout le temps de littérature), et celle des gens que j’aime m’intéresse. Sinon, d’ailleurs, je n’écrirai sans doute pas ce que j’écris ici.