Mercredi 21 juin 2000, Nantes

Le Portugal et la Roumanie viennent d’éliminer dès le premier tour l’Allemagne et l’Angleterre de la Coupe d’Europe de foot ; le Portugal, déjà vainqueur de ses deux précédents matchs, l’a même emporté 3-0. Je regrette de ne pas avoir assisté à ça (pour le moment, je n’ai de toute façon vu aucun match). Enfin décidé à aller chez le coiffeur. Mes cheveux repoussés depuis le dernier rasage ne se tenaient bien que sales, ça me donnait un air de Johnny Rotten (ainsi que l’a fait remarquer Mathix, visiblement admiratif), mais propres, ils me donnaient un air de crétin, tellement ils commençaient à être longs sur les côtés. Plaisir du centre-ville, je n’ai eu que la placette à traverser pour y aller. Tout est concentré, le tabac est à dix mètres, tournée la première rue, il y a une pharmacie juste au coin, j’ai le choix entre deux boulangeries avant d’avoir atteint la rue de Strasbourg. Ce matin, le temps est pluvieux, et c’est chose agréable. Pour moi, c’était un bel effort de prendre rendez-vous chez un coiffeur que je ne connais pas, dont je n’ai pas l’habitude. Ces aspects minuscules de la vie sociale sont parmi ceux pour lesquels je dois faire un effort, pour lesquels je ne suis pas naturel.

01.42.57.06.14 : c’est le numéro de Florence, 36, rue des Trois-Frères, Paris 17e. Je lui avais parié que je le retiendrais vite (pour moi, ce n’est pas très difficile). Premier à l’appeler, après qu’elle m’ait laissé un message quand j’étais dehors. Elle a parlé de son aménagement, de ce qu’elle n’a pas encore branché de quoi écouter de la musique, du choix d’une école pour Anna, et nous avons dû abréger parce qu’elle avait rendez-vous chez l’esthéticienne[1]. Je lui ai quand même parlé de sa ressemblance avec Anna Karina. On le lui avait déjà dit. Je suis trop amoureux d’elle.

[1] Genre d’endroit où j’ignore ce qu’on va lui faire. Mais il suffit qu’elle y aille pour que ça en devienne attirant, chargé de douces images.