Aidé Broerec à déménager un piano électrique de son travail à chez lui : il l’achète, puisque ça ferme. Manque de naturel. Avant ça je n’avais rien fait de bien constructif, vu que je me suis levé à midi. Petits tours en voiture dans le quartier du Champ de mars, et sur l’île Beaulieu. La physionomie que je donne à Nantes change ; ces lieux qui pour moi n’étaient rien commencent à ressembler vraiment à de la ville. Peut-être qu’effectivement un jour ils seront vivants. Cette année, les filles portent des mules légères et des jupes de tissu fin qui, souvent, leur vont à ravir. C’est à la fois un peu bimbo et très années 70, mais c’est agréable. Je crois que cette année je n’en profiterai guère (pas plus que les précédentes à vrai dire). Je m’écoule de moi-même, je me sens défait. Tout en moi m’abandonne, toute force, et je ne connais que la faiblesse, la fatigue, l’ennui, le dégoût de ce que je suis. Dommage, mais je n’arrive vraiment pas à lutter. Chaque fois je retombe. J’en conçois maintenant une grande mélancolie ; les œuvres de Satie pour piano, que je viens d’acheter, ne font rien pour arranger les choses. Il pleut dans mon cœur comme il ne pleut même pas sur la ville. J’ai tout de même acheté des T-shirts à la mode, pour pas trop cher — je ne m’habille pas en Prada ou en Ralph Lauren comme les personnages de Glamorama (en fait, je ne sais même pas très bien ce que c’est, ces vêtements, on n’en croise pas tous les jours dans la rue), je les ai simplement pris chez C&A ; mais c’est relativement à la mode tout de même. Maintenant il faudrait vraiment que je me mette à travailler.