Réveillé tard, sans réveil, avec de la difficulté à entrer dans la journée. Lu assis sur les toilettes quelques pages d’un beau livre de Jim Harrison commencé hier soir dans le train. Pensé à Florence. Je me suis senti bien.
Dans l’après-midi, un tour au musée des Beaux-Arts acheter une carte pour lui envoyer (un tableau de Georges de la Tour ; lorsqu’on était au Louvre, je lui ai offert une reproduction du Philosophe de Rembrandt, qu’elle aime beaucoup et a hésité à acheter[1], mais n’ai pas pensé à prendre une carte d’un tableau qui lui avait plu — l’Autoportrait aux chardons de Dürer par exemple). En rentrant, je suis entré dans la cathédrale, et en ai fait lentement le tour — première fois depuis que j’habite dans le quartier. Sans doute sous l’impulsion des multiples églises parisiennes que nous avons visitées. C’est une très belle église ; moins riche de souvenirs historiques prestigieux, mais élancée, sobre et très digne — très bien restaurée.
[1] Elle est tellement juste financièrement qu’elle peut à peine se permettre de dépenser vingt francs si ce n’est pas nécessaire (même si sa notion du nécessaire inclut parfois ce que beaucoup prendraient comme du superflu, dont un certain nombre de produits de beauté, des magazines féminins ou des disques de jazz) ; son réfrigérateur est toujours désespérément vide, depuis plus d’une semaine sa ligne de téléphone est coupée parce qu’elle n’a pas payé à temps sa facture, et vendredi, elle ne pouvait déjà plus retirer d’argent — comme souvent, elle a appelé le-père-de-sa-fille pour lui en parler, et a fini par pleurer sur le message (« C’est aussi parce que j’étais épuisée. ») ; le jour même il lui a déposé un chèque de trois mille francs. Il continue d’aider Florence bien au-delà d’une participation à l’entretien de la gamine (d’autant plus que Florence a été séparée d’elle presque tout l’été, ainsi qu’elle me l’a dit plusieurs fois avec assez de tristesse dans la voix). S’il a de l’argent, ça reste quelque chose de difficile à comprendre, mais qui explique sans doute dans quelle dépendance Florence est encore vis-à-vis de lui (une dépendance affective qui se montre peut-être surtout par ce biais détourné) : parce qu’il faut voir autrement avec quelle détermination elle insiste pour ne pas être redevable d’argent, pour « payer », comme elle le dit avec si peu de poésie qu’elle en devient touchante — même si elle a fini par accepter que je lui offre le repas au restaurant japonais vendredi soir.