Mercredi 4 octobre 2000, Nantes

Terminé hier soir tard de rédiger une première version de mon chapitre d’après mon plan. Vingt-cinq pages ; dix jours de travail étalés sur une petite quinzaine, avec une moyenne de 7800 caractères par jour : vraiment pas mal. Beaucoup de redondances avec les chapitres qui précèdent sans doute, il faudra revoir l’organisation globale une fois tout terminé ; mais c’est aussi une manière d’assurer mieux la cohésion de l’ensemble, et une conséquence de ma méthode d’approche, qui consiste à tourner en spirale allant se rétrécissant autour du sujet : immanquablement, je repasse plusieurs fois en face d’un même aspect, abordé à chaque fois un peu différemment.

Ça a été une autre affaire aujourd’hui. Lorsqu’il est passé, Mathix m’a trouvé la tête de quelqu’un qui ne serait pas efficace ; de fait, je suis mort (j’ai pourtant à nouveau dormi tard). J’ai même renoncé à aller au yoga ; j’essaierai d’y aller samedi matin, ça me forcera à me lever. J’aborde maintenant la dichotomie cartésienne sujet/objet, liée à la distinction entre pensée et étendue.

En début de soirée, sorti pour le vernissage des (mauvaises) peintures de Fabien Delplat au Flesselles, où j’ai discuté avec pas mal de gens puis continué au Bar du coin avec Bohémond, Radulphe et Theudebald. Comme l’a clamé haut et fort Radulphe, avec ses yeux plissés et son sourire satisfait de type qui a bu, son petit air de fouine sournoise ou qui joue à l’être, « notre soirée de liberté ! » (Ermold est en effet à Paris). Des super canons dans le café (aucun que nous soyons capables d’aborder, quoiqu’on n’ait cessé de se dire hype et in). Ambiance de soulographie ; avec la comédie des petites altercations poussé un peu loin, des tentatives de baffes de part et d’autre, moitié par jeu, moitié par dépit d’ivrogne ; des provocations idiotes. Les piliers de comptoir qui n’arriveront à rien que se dégoûter eux-mêmes une fois l’esprit clair… (éventuellement en riront). Radulphe doit faire attention ; il tourne de plus en plus vite violent, à la moindre égratignure qu’on lui fait, et se contient encore assez pour donner le change, faire croire qu’il tient un rôle, mais laisse suffisamment paraître une insatisfaction qui pourrait bientôt fatiguer : je n’ai aucune envie d’être tricard où que ce soit pour rixe, non plus que, déjà, de me battre. Il m’arrive d’être acide en paroles (et je devais l’être), mais je considère très mal les mauvais gestes. René Bergère déborde, lui, quelque fois, lorsqu’il joue trop bien son rôle de victime, de souffre-douleur de la bande : il manque tellement de confiance en lui par moments… Terminé seul avec Jolicœur, ergoteur mais finalement plus civilisé, à discuter, entre sincérité et vantardise. Rentré assez tôt (minuit), mais saoul. Chez moi, un message sur le répondeur. J’étais sûr que c’était Florence (j’ai même pensé « Florence Lemoine ») : je ne m’étais pas trompé. Pas encore eu le courage de l’écouter.